SUFENTANIL VIATRIS 5 microgrammes/ml, solution injectable (IV ou péridurale) - Résumé des caractéristiques du produit |
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ANSM - Mis à jour le : 27/04/2023
SUFENTANIL VIATRIS 5 microgrammes/ml, solution injectable (IV ou péridurale)
2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE
Sufentanil ............................................................................................................. 5 microgrammes
Sous forme de citrate de sufentanil
Pour 1 ml de solution injectable.
Une ampoule de 2 ml contient 10 microgrammes de sufentanil.
Une ampoule de 10 ml contient 50 microgrammes de sufentanil et 35.4 mg de sodium.
Pour la liste complète des excipients, voir rubrique 6.1.
4.1. Indications thérapeutiques
Chez l’adulte :
· en tant qu'analgésique d'appoint au cours de l'entretien d'une anesthésie générale balancée de moyenne ou longue durée en association à un hypnotique et (ou) un agent anesthésique volatil et un agent myorelaxant;
· en tant qu'agent anesthésique principal pour l'induction et l'entretien d'une anesthésie analgésique, avec 100 % d'oxygène, au cours d'interventions chirurgicales majeures telle que la chirurgie cardio-vasculaire;
· en administration péridurale, en dose unique ou répétée ou en perfusion, seul ou en association avec un anesthésique local pour l'analgésie chirurgicale, obstétricale ou post-opératoire.
· en sédation prolongée en unité de soins intensifs ou en réanimation, de patients ventilés.
Chez l’enfant
· en administration intraveineuse, en tant qu’agent analgésique pour l’induction et/ou l’entretien d’une anesthésie générale balancée chez l’enfant de plus d’un mois.
· en administration péridurale, pour l’analgésie suite à une intervention de chirurgie générale, thoracique ou orthopédique chez l’enfant de plus d’un an.
4.2. Posologie et mode d'administration
Ce produit ne doit être administré que par des médecins spécialisés en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence et familiarisés avec l'utilisation des anesthésiques, ou sous leur contrôle, et disposant de tout le matériel d'anesthésie-réanimation nécessaire.
Les recommandations des sociétés savantes concernées doivent être respectées, notamment en cas d'utilisation en situation extra-hospitalière (situation d'urgence ou transport médicalisé).
Le sufentanil est le plus souvent administré en association à d'autres agents : anesthésiques intraveineux, anesthésiques volatils, benzodiazépines.
La posologie est variable selon la technique anesthésique, l'état du patient et les modalités de contrôle de la ventilation.
En fonction de ses différentes indications, le mode d'emploi et les posologies sont les suivantes :
Voie intraveineuse
Anesthésie générale balancée :
· Interventions de courte ou de moyenne durée (1 à 2 heures) : 0,1 à 2 microgrammes/kg à l'induction en association à un hypnotique et (ou) un agent anesthésique volatil et un agent myorelaxant.
· Des doses de 10 à 25 microgrammes de sufentanil peuvent être réadministrées lors de l'entretien de l'anesthésie en fonction des signes cliniques d'allégement de l'analgésie et en fonction de la tolérance à la dose initiale ;
· Interventions chirurgicales majeures (durée supérieure à 2 heures) : la dose totale sera calculée sur la base d'une administration de 1 microgramme/kg/h, à adapter selon l'intervention chirurgicale, l'état du patient et des produits associés, 75 % de la dose totale pouvant être administrés en bolus à l'induction et l'entretien, assuré soit par des réinjections de 10 à 50 microgrammes en fonction des signes cliniques d'allégement de l'analgésie soit par une perfusion continue. Le sufentanil peut être associé à un hypnotique et (ou) à un agent anesthésique volatil et à un agent myorelaxant.
· En cas de bradycardie, une dose (à déterminer) d’agent anticholinergique (atropine) peut être utilisée.
Anesthésie analgésique (chirurgie cardio-vasculaire) :
· Dose bolus à l'induction de 8 à 20 microgrammes/kg en association avec 100 % d'oxygène et un agent myorelaxant compatible avec l'état cardio-vasculaire du patient.
· Un bolus supplémentaire de 5 à 10 microgrammes/kg doit être administré avant la sternotomie.
· L'entretien est assuré soit par des doses répétées de 25 à 50 microgrammes administrées en fonction des signes d'allégement de l'analgésie et de la tolérance du patient au bolus initial soit par une perfusion continue.
En comparaison aux autres morphiniques utilisés dans de tels protocoles, la dose des médicaments associés tels que anesthésiques volatils, benzodiazépines, doit en général être réduite.
La dose totale administrée en chirurgie cardio-vasculaire est en moyenne de 12 à 30 microgrammes/kg avec un délai moyen d'extubation prévisible de 12 à 18 heures.
Toutefois la posologie devra être ajustée en fonction des autres agents anesthésiques utilisés, des variations individuelles et du délai d'extubation.
Sédation prolongée en unité de soins intensifs ou en réanimation, de patients ventilés :
0,2 à 2 microgrammes/kg/heure, selon le degré de sédation nécessaire et les doses respectives des produits éventuellement associés.
Voie péridurale
Chirurgie générale (thoracique, urologique, orthopédique) :
Une dose initiale de 0,75 microgramme/kg diluée dans 10 ml permet une analgésie de 4 à 8 heures. Des boli supplémentaires de 25 à 50 microgrammes peuvent être administrés en fonction des signes d'allégement de l'analgésie.
Obstétrique :
Dose bolus de 15 à 20 microgrammes diluée dans un volume de 10 ml associée à un anesthésique local telle la bupivacaïne (0,125 % - 0,25 %). Il est recommandé de ne pas dépasser la dose totale de 30 microgrammes de sufentanil.
Analgésie post-césarienne :
Dose bolus de 25 microgrammes diluée dans un volume de 10 ml, associée à un anesthésique local telle la bupivacaïne (0,125 % - 0,25 %). Il est recommandé de ne pas dépasser la dose totale de 30 microgrammes de sufentanil.
Analgésie post-opératoire :
Dose bolus de 0,75 microgramme/kg diluée dans un volume de 10 ml en dose unique ou répétée en fonction des signes d'allégement de l'analgésie (25 à 50 microgrammes), ou en perfusion à la dose de 0,2 à 0,3 microgramme/kg/h.
Populations particulières
Comme pour les autres opioïdes, une diminution de la posologie est recommandée chez les patients âgés, affaiblis ou de classe ASA III/IV.
Population pédiatrique
Voie intraveineuse
En raison de la grande variabilité des paramètres pharmacocinétiques chez le nouveau-né, aucune recommandation posologique ne peut être donnée (voir les rubriques 4.4 et 5.2.)
Enfant de plus d’un mois
Quelle que soit la posologie, une prémédication avec un anticholinergique tel que l’atropine est recommandée sauf en cas de contre-indication.
Induction de l’anesthésie
Le sufentanil peut être administré en bolus lent d’au moins 30 secondes, à des doses de 0,2 à 0,5 µg/kg, en association à un autre agent anesthésique pour l’induction. En cas d’intervention chirurgicale majeure (chirurgie cardiaque, par exemple), des doses allant jusqu’à 1 µg/kg peuvent être administrées.
Entretien de l’anesthésie chez les patients ventilés
Dans le cadre d’une anesthésie générale balancée, la posologie dépend de la dose des agents anesthésiques associés, ainsi que du type et de la durée de l’intervention chirurgicale. Une dose initiale de 0,3 à 2 µg/kg administrée en bolus lent d’au moins 30 secondes peut être suivie par des boli additionnels de 0,1 à-1 µg/kg, en fonction des besoins, sans dépasser la dose totale de 5 µg/kg en au cours d’une intervention de chirurgie cardiaque.
Voie péridurale
Le sufentanil ne doit être administré par voie péridurale à des enfants que par des médecins anesthésistes spécialement formés à l’anesthésie péridurale de l’enfant et à la prise en charge des effets dépresseurs respiratoires des opioïdes. Le matériel de réanimation, nécessaire, incluant du matériel d’intubation ainsi que des antimorphiniques, doit être rapidement disponible.
Après une administration péridurale de sufentanil chez l’enfant, les signes de dépression respiratoire doivent être surveillés pendant au moins 2 heures.
L’utilisation péridurale chez l’enfant n’est documentée que par un faible nombre de cas.
Enfant de moins d’un an
La sécurité et l’efficacité de sufentanil chez l‘enfant âgé de moins d’un an n’ont pas encore été établies (voir rubriques 4.4 et 5.1).
Les données actuellement disponibles chez l’enfant de plus de 3 mois sont décrites en rubrique 5.1, mais aucune recommandation posologique ne peut être donnée.
Aucune donnée n’est disponible chez le nouveau-né et le nourrisson de moins de 3 mois.
Enfant de plus d’un an
Une dose bolus unique de 0,25-0,75 µg/kg administrée au cours d’un acte chirurgical procure un effet analgésique durant 1 à 12 heures. La durée de l’effet analgésique est influencée par le type d’intervention chirurgicale et par l’utilisation concomitante d’un anesthésique local de type amide par voie péridurale.
· Traitement ou pathologie associés pouvant contre-indiquer une administration par voie péridurale, tels qu’hémorragie sévère ou choc, septicémie, infection au site d’injection, perturbation de l’hémostase (par exemple thrombocytopénie, coagulopathie), traitement anticoagulant.
· Association aux agonistes-antagonistes morphiniques ou aux morphiniques antagonistes partiels (voir rubrique 4.5).
· L’utilisation de la voie intraveineuse durant l’accouchement ou avant le clampage du cordon ombilical en cas de césarienne est contre-indiquée en raison d’une éventuelle dépression respiratoire chez le nouveau-né. L’utilisation par voie péridurale pendant l’accouchement de doses de sufentanil allant jusqu'à 30 µg n'influence pas la condition de la mère ou le nouveau-né (voir rubrique 4.6).
4.4. Mises en garde spéciales et précautions d'emploi
Mises en garde spéciales
Lors de l'utilisation du sufentanil en sédation prolongée, il est nécessaire :
· de disposer du matériel d'assistance respiratoire et de réanimation cardio-circulatoire;
· que le patient soit sous ventilation contrôlée;
· que l'administration de sufentanil soit stoppée avant l'extubation du patient. A titre d'exemple, dans les études effectuées, le délai d'extubation ou de reprise de la ventilation spontanée après arrêt de la perfusion, était de 3 à 8 heures, pour la plupart des patients, pour des durées d'administration de 12 à 18 heures, et des posologies de 1 à 2 microgrammes/kg/heure.
L’administration de ce médicament est déconseillée avec les boissons alcoolisées, avec les médicaments contenant de l’alcool ainsi qu’avec le crizotinib, l’idélalisib ou l’oxybate de sodium (voir rubrique 4.5).
Ce médicament contient du sodium.
Ampoule de 2 ml : ce médicament contient moins de 1 mmol (23 mg) par ampoule, c'est-à-dire qu’il est essentiellement « sans sodium ».
Ampoule de 10 ml : Ce médicament contient 35,4 mg de sodium par ampoule, ce qui équivaut à 1,8% de l’apport alimentaire quotidien maximal recommandé par l’OMS de 2 g de sodium par adulte. A prendre en compte chez les patients suivant un régime hyposodé strict.
Précautions d'emploi
Comme pour les autres morphinomimétiques puissants :
· Dépression respiratoire : la dépression respiratoire est proportionnelle à la dose et peut être contrôlée par l'administration d'antimorphiniques (naloxone). La durée de la dépression respiratoire pouvant être supérieure à la durée d'action de l'antimorphinique, l'administration de doses supplémentaires de ce dernier peut s'avérer nécessaire. L'analgésie profonde s'accompagne d'une dépression respiratoire marquée qui peut persister (ou réapparaître) en période post-opératoire. Les patients doivent être placés sous surveillance respiratoire. De plus, du matériel de réanimation et des antimorphiniques doivent être immédiatement disponibles.
· Une hyperventilation fréquente en cours d'anesthésie peut modifier les réponses du patient au CO2, entraînant une modification de la ventilation post opératoire.
· Maladie cardiaque : une bradycardie et éventuellement un arrêt cardiaque peuvent survenir dans le cas où le patient a reçu une dose insuffisante d’anticholinergique ou lorsque le sufentanil est associé à des myorelaxants non vagolytiques. La bradycardie peut être prévenue ou traitée par l'administration d'un anticholinergique (atropine).
· Rigidité musculaire : une rigidité musculaire, en particulier rigidité thoracique, peut apparaître. Cette rigidité peut être évitée en prenant les mesures suivantes : administration lente (précaution généralement suffisante lorsque le sufentanil est utilisé à faibles doses), prémédication par les benzodiazépines ou l'utilisation de curares.
· Des mouvements (myo)cloniques non épileptiques peuvent être observés.
· Une élévation transitoire de 55 à 100 % de la pression intra-crânienne lors de l'administration de sufentanil par voie IV chez des traumatisés crâniens, a été observée.
· Les opioïdes peuvent induire une hypotension, particulièrement chez les patients présentant une hypovolémie. Des mesures appropriées permettant de maintenir une pression artérielle stable doivent être prises. En cas d'hypovolémie non corrigée ou d'insuffisance cardiaque non compensée, la dose d'induction devra être adaptée et administrée lentement afin d'éviter une dépression cardio-vasculaire souvent majorée par l'administration concomitante d'autres drogues anesthésiques.
· Lors d'utilisation obstétricale par voie IV, le sufentanil sera administré après le clampage du cordon ombilical pour prévenir un éventuel effet dépresseur respiratoire chez le nouveau-né.
· L'administration de sufentanil en bolus IV rapide doit être évitée chez les patients présentant des troubles de la circulation intracérébrale : chez ces patients, une diminution transitoire de la pression artérielle moyenne a parfois été associée à une réduction de courte durée de la pression de perfusion cérébrale.
· Les patients sous traitement morphinique chronique ou présentant des antécédents de toxicomanie aux morphiniques peuvent nécessiter des doses plus élevées.
· Une diminution de la posologie est recommandée chez les patients âgés, affaiblis ou de classe ASA III/IV.
· Une diminution de la posologie est recommandée chez les patients présentant : une hypothyroïdie non contrôlée; une maladie pulmonaire; une capacité respiratoire diminuée; une insuffisance hépatique ou rénale et chez les patients alcooliques. Chez ces patients, la surveillance post-opératoire doit être prolongée.
· L'administration péridurale du sufentanil pour l'analgésie post-opératoire doit être faite en salle de réveil ou de soins intensifs et les effets secondaires respiratoires (dépression respiratoire, altération de la fonction respiratoire, détresse fœtale) doivent être soigneusement surveillés, pendant au moins 1 heure suivant son administration. Le risque de dépression respiratoire est majoré lors de l'administration péridurale de doses répétées et relativement rapprochées de sufentanil.
Tolérance et abus d’opioïdes (usage abusif et pharmacodépendance)
L’administration répétée d’opioïdes peut développer une tolérance, une dépendance physique et une dépendance psychologique. L’abus ou le mésusage intentionnel de sufentanil peut entraîner un surdosage et/ou le décès. Les risques sont accrus chez les patients ayant des antécédents personnels ou familiaux (parents ou fratrie) d’abus de substance (y compris l’abus d’alcool), chez les consommateurs actuels de tabac ou souffrant de maladie mentale (p. ex. dépression majeure, anxiété et troubles de la personnalité).
Les patients doivent être surveillés pour des comportements de pharmacodépendance (p. ex. demande de réinjection trop tôt). Cela comprend la revue des opioïdes et des médicaments psychoactifs concomitants (comme les benzodiazépines). Pour les patients présentant des signes et des symptômes d’abus d’opioïdes, une consultation avec un spécialiste en toxicomanie doit être envisagée.
Arrêt du traitement et symptômes de sevrage
L'administration répétée à intervalles courts pendant des périodes prolongées peut induire le développement d’un syndrome de sevrage après l'arrêt du traitement. Les symptômes consécutifs à l'arrêt du sufentanil, notamment tachycardie, hypertension et agitation, ont été rapportés peu fréquemment lors d’un arrêt abrupt, en particulier après une administration prolongée de plus de 3 jours. Lorsque les symptômes ont été rapportés, la réintroduction et la diminution de l’utilisation ont été bénéfiques.
L'utilisation de sufentanil chez les patients en soins intensifs sous ventilation mécanique n'est pas recommandée pour une durée de traitement supérieure à 3 jours.
Le sufentanil peut faire l’objet d’abus de manière similaire à d’autres agonistes opioïdes. L’abus ou le mésusage intentionnel de sufentanil peut entraîner un surdosage et/ou le décès. Les personnes à risque accru d’un abus d’opioïdes peuvent tout de même être traitées de manière appropriée par le sufentanil.
Nouveau-né exposé in utero
Concernant les femmes prenant des opioïdes de manière chronique pendant leur grossesse, il existe un risque que leur nouveau-né présente un syndrome de sevrage néonatal.
En raison du risque de dépression respiratoire chez le nouveau-né, un antagoniste opioïde doit toujours être disponible pour le nouveau-né (voir rubrique 4.6).
Hyperalgésie induite par les opioïdes
L’hyperalgésie induite par les opioïdes (HIO) est une réaction paradoxale à un opioïde, en particulier à des doses élevées ou en cas d’utilisation chronique, dans laquelle la perception de la douleur augmente malgré une exposition aux opioïdes stable ou accrue. Elle est différente de la tolérance, pour laquelle des doses d’opioïdes plus élevées sont nécessaires pour atteindre le même effet analgésique ou traiter la douleur récurrente. L’HIO peut se manifester par des niveaux de douleur accrus, une douleur plus généralisée (c.-à-d. moins focale), ou une douleur générée par des stimuli ordinaires, c.-à-d. non douloureux (allodynie), sans preuve de progression de la maladie. Comme pour d’autres opioïdes, en cas de contrôle insuffisant de la douleur en réponse à une augmentation de la dose de sufentanil, la possibilité d’une HIO doit être envisagée. La réduction de dose, l’arrêt du traitement de sufentanil ou une revue du traitement peuvent être indiqués.
Troubles respiratoires liés au sommeil
Les opioïdes peuvent provoquer des troubles respiratoires liés au sommeil, notamment l'apnée centrale du sommeil (ACS) et l'hypoxémie liée au sommeil. L'utilisation d'opioïdes augmente le risque d’ACS de manière dose-dépendante. Lorsqu’une ACS est présente, la dose totale d’opioïde doit être réduite.
Effets gastro-intestinaux
Le sufentanil, en tant qu'agoniste des récepteurs opioïdes mu, peut ralentir la motilité gastro-intestinale. Par conséquent, l’administration de sufentanil chez les patients à risque d'occlusion intestinale doit se faire avec prudence.
Le sufentanil, en tant qu'agoniste des récepteurs opioïdes mu, peut provoquer un spasme du sphincter d'Oddi. Par conséquent, l’administration de sufentanil chez les patients atteints d'une maladie des voies biliaires, y compris la pancréatite aiguë, doit se faire avec prudence.
En raison de la grande variabilité des paramètres pharmacocinétiques chez le nouveau-né, il existe un risque de surdosage ou de sous-dosage en sufentanil lors d’une administration par voie intraveineuse au cours de la période néonatale (voir rubriques 4.2 et 5.2).
La sécurité et l’efficacité du sufentanil administré par voie péridurale chez l‘enfant de moins d’un an n’ont pas encore été établies (voir rubriques 4.2 et 5.1).
Risque lié à l'utilisation concomitante de médicaments sédatifs tels que les benzodiazépines ou autres médicaments apparentés :
L’utilisation concomitante de sufentanil et de médicaments sédatifs comme les benzodiazépines ou les médicaments apparentés peut entrainer une sédation, une dépression respiratoire, un coma et la mort. En raison de ces risques, la prescription concomitante avec ces médicaments sédatifs doit être réservée aux patients pour lesquels d'autres options thérapeutiques ne sont pas possibles. Si la décision de prescrire du sufentanil en même temps que des médicaments sédatifs est prise, la dose efficace la plus faible doit être utilisée et la durée du traitement doit être aussi courte que possible.
Les patients doivent être suivis de près pour surveiller la survenue de signes et symptômes de dépression respiratoire et de sédation.
À cet égard, il est fortement recommandé d'informer les patients et leurs soignants afin qu’ils connaissent ces symptômes (voir rubrique 4.5).
4.5. Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions
Associations contre-indiquées (voir rubrique 4.3)
+ Dépresseurs du système nerveux central
L'utilisation concomitante d'opioïdes et de gabapentinoïdes (gabapentine et prégabaline) augmente le risque de surdosage d'opioïdes, de dépression respiratoire et de mort.
+ Agonistes-antagonistes morphiniques (nalbuphine, buprénorphine) :
Diminution de l'effet antalgique par blocage compétitif des récepteurs, avec risque d'apparition d'un syndrome de sevrage.
+ Morphiniques antagonistes partiels : naltrexone, nalméfène
Risque de diminution de l’effet antalgique.
Associations déconseillées (voir rubrique 4.4)
+ Consommation d’alcool.
Majoration par l'alcool de l'effet sédatif des analgésiques morphiniques. L'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation de machines.
La consommation concomitante d’alcool avec le sufentanil chez les patients respirant spontanément peut augmenter le risque de dépression respiratoire, de sédation profonde, de coma ou de mort. Eviter la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l'alcool.
+ Crizotinib
Risque de majoration de la toxicité de ces molécules par diminution de leur métabolisme et/ou augmentation de leur biodisponibilité par le crizotinib.
+ Oxybate de sodium
Majoration de la dépression centrale. L’altération de la vigilance peut rendre dangereuses la conduite des véhicules et l’utilisation de machines.
+ Idélalisib
Augmentation des concentrations plasmatiques de sufentanil par diminution de son métabolisme hépatique par l’idélalisib.
Associations faisant l'objet de précautions d’emploi
+ Inhibiteurs puissants du CYP 3A4 (clarithromycine, érythromycine, télithromycine, kétoconazole, itraconazole, voriconazole, posaconazole, ritonavir, nelfinavir)
Augmentation de l’effet dépresseur respiratoire de l’analgésique opiacé par diminution de son métabolisme hépatique.
Surveillance clinique et adaptation de la posologie de l’analgésique opiacé en cas de traitement par un inhibiteur puissant du CYP3A4.
Associations à prendre en compte
+ Médicaments sédatifs
Il faut prendre en compte le fait que de nombreux médicaments ou substances peuvent additionner leurs effets dépresseurs du système nerveux central et contribuer à diminuer la vigilance. Il s’agit des dérivés morphiniques (analgésiques, antitussifs et traitements de substitution), des neuroleptiques, des barbituriques, des benzodiazépines, des anxiolytiques autres que les benzodiazépines (par exemple, le méprobamate), des hypnotiques, des antidépresseurs sédatifs (amitryptiline, doxépine, miansérine, mirtazapine, trimipramine), des antihistaminiques H1 sédatifs, des antihypertenseurs centraux, du baclofène et du thalidomide.
Les médicaments tels que les barbituriques, les benzodiazépines ou des médicaments apparentés, les neuroleptiques, les anesthésiques généraux et autres médicaments sédatifs peuvent majorer la dépression respiratoire due aux opioïdes. Chez les patients ayant reçu des médicaments sédatifs, il peut être nécessaire de réduire la dose de sufentanil par rapport à la dose usuelle.
L’utilisation concomitante de médicaments sédatifs avec le sufentanil chez les patients respirant spontanément peut augmenter le risque de dépression respiratoire, de sédation profonde, de coma ou de mort (voir rubrique 4.4).
En cas d’utilisation de médicaments sédatifs après administration de sufentanil, la dose de ces médicaments doit être réduite. Ceci est particulièrement important après une intervention chirurgicale, car une anesthésie profonde est accompagnée d’une dépression respiratoire marquée, pouvant persister ou se répéter en période post-opératoire. L’administration d’un médicament sédatif, tel qu’une benzodiazépine ou des médicaments apparentés, durant cette période peut considérablement augmenter le risque de dépression respiratoire (voir rubrique 4.4).
Concernant l’interaction avec l’alcool, se référer au paragraphe “Associations déconseillées” ci-dessus.
+ Autres analgésiques morphiniques agonistes (alfentanil, codéine, dihydrocodéine, fentanyl, hydromorphone, morphine, oxycodone, péthidine, rémifentanil, tramadol)
Risque majoré de dépression respiratoire pouvant être fatale en cas de surdosage.
+ Antitussifs morphine-like (dextrometorphane, noscapine, pholcodine)
Risque majoré de dépression respiratoire pouvant être fatale en cas de surdosage.
+ Antitussifs morphiniques vrais (codéine, éthylmorphine)
Risque majoré de dépression respiratoire pouvant être fatale en cas de surdosage.
+ Barbituriques
Risque majoré de dépression respiratoire pouvant être fatale en cas de surdosage
+ Benzodiazépines et apparentés
Risque majoré de dépression respiratoire, pouvant être fatale en cas de surdosage.
+ Médicaments sérotoninergiques
La co-administration du sufentanil avec un agent sérotoninergique, tel qu’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa) ou un inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO), peut augmenter le risque de syndrome sérotoninergique, pouvant menacer le pronostic vital.
Les inhibiteurs de la monoamine oxydase ne doivent être ni pris dans les deux semaines précédant l’administration de sufentanil, ni simultanément.
4.6. Fertilité, grossesse et allaitement
Grossesse
Les études chez l'animal n'ont pas mis en évidence d'effet tératogène (voir rubrique 5.3).
Il existe des données cliniques limitées sur l'utilisation de sufentanil chez la femme enceinte.
Le sufentanil traverse le placenta. Après administration par voie péridurale d’une dose totale ne dépassant pas 30 µg, des concentrations plasmatiques moyennes de 0,016 ng/mL ont été détectées dans la veine ombilicale.
En conséquence, l’utilisation de sufentanil au cours de la grossesse ne doit être envisagée que si nécessaire.
L’utilisation chronique d’un opioïde pendant la grossesse peut provoquer une pharmacodépendance chez le nouveau-né, entraînant un syndrome de sevrage néonatal. Si l’utilisation d’opioïdes est requise pendant une période prolongée chez une femme enceinte, il faut informer la patiente du risque de syndrome de sevrage néonatal des opioïdes.
Des études cliniques contrôlées menées pendant l’accouchement ont montré que l’association de sufentanil (à la dose totale maximale de 30 microgrammes) et de bupivacaïne, par voie péridurale n’a pas d’effet néfaste sur la mère ou le nouveau-né (voir rubrique 4.2). L’utilisation de la voie intraveineuse est contre-indiquée durant l’accouchement (voir rubrique 4.3).
En raison du risque de dépression respiratoire chez le nouveau-né, un antagoniste opioïde doit toujours être disponible pour le nouveau-né (voir rubrique 4.4).
Le sufentanil est excrété dans le lait maternel.
En conséquence, il est conseillé d’attendre 4 h après l’administration de sufentanil avant d’allaiter pour des doses n’excédant pas 30 µg. Pour des doses supérieures, l’allaitement est déconseillé.
Fertilité
Aucune donnée de fertilité n’est disponible.
4.7. Effets sur l'aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines
La tolérance de sufentanil a été évaluée chez 650 patients traités par du sufentanil, au cours de 6 essais cliniques. Parmi ces patients, 78 ont participé à deux études au cours desquelles le sufentanil était administré par voie intraveineuse pour l’induction et le maintien de l’anesthésie chez les patients subissant une chirurgie majeure (pontage coronarien ou opération à cœur ouvert). Les 572 autres patients ont participé à 4 études au cours desquelles le sufentanil était administré par voie péridurale comme analgésique post-opératoire ou comme analgésique adjuvant à la bupivacaïne par voie péridurale au cours du travail et de l’accouchement. Ces patients ont reçu au moins une dose de sufentanil et sont inclus dans l’analyse des données de tolérance. Sur la base des données de tolérance poolées issues de ces études cliniques, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés (incidence ≥ 5 %) ont été : sédation (19,5 %), prurit (15,2 %), nausées (9,8 %) et vomissements (5,7 %).
Ces effets indésirables sont inclus dans le tableau ci-après décrivant les effets indésirables rapportés avec le sufentanil soit au cours des études cliniques soit après commercialisation.
Les fréquences sont définies de la manière suivante : très fréquent (≥ 1/10), fréquent (≥ 1/100 à < 1/10), peu fréquent (≥ 1/1000 à < 1/100) et inconnu (fréquence ne pouvant être estimée à partir des données cliniques disponibles).
Classe de systèmes organes |
Effets indésirables |
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Fréquence |
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Très fréquent (≥ 1/10) |
Fréquent (≥ 1/100 à < 1/10) |
Peu fréquent (≥ 1/1000 à < 1/100) |
Inconnu |
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Infections et infestations |
Rhinite. |
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Affections du système immunitaire |
Hypersensibilité. |
Choc anaphylactique, Réaction anaphylactique. Réaction anaphylactoïde. |
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Affections psychiatriques |
Apathie, nervosité |
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Affections du système nerveux |
Sédation. |
Tremblements du nouveau-né, vertiges, céphalées. |
Ataxie, dyskinésie néonatale, dystonie, Hyperréflexie, hypertonie. Hypokinésie néonatale. Somnolence. |
Coma, convulsion, contractions musculaires involontaires. |
Affections oculaires |
Troubles visuels |
Myosis |
||
Affections cardiaques |
Tachycardie |
Bloc auriculo-ventriculaire, cyanose, bradycardie, arythmie, anomalies sur l’électrocardiogramme. |
Arrêt cardiaque |
|
Affections vasculaires |
Hypertension, hypotension, pâleur. |
Choc. |
||
Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales |
Cyanose néonatale. |
Bronchospasme, hypoventilation, dysphonie, toux, hoquet, trouble respiratoire. |
Arrêt respiratoire, apnée, dépression respiratoire, œdème pulmonaire, laryngospasme. |
|
Affections gastro-intestinales |
Vomissements, nausées. |
|||
Affections de la peau et du tissu sous-cutané |
Prurit. |
Décoloration cutanée. |
Dermatite allergique, hyperhidrose, rash, rash néonatal, sécheresse cutanée. |
Erythème. |
Affections musculo-squelettiques et systémiques |
Contraction musculaire. |
Lombalgie, hypotonie néonatale, rigidité musculaire. |
Spasmes musculaires. |
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Affections du rein et des voies urinaires |
Rétention urinaire. Incontinence urinaire. |
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Troubles généraux et anomalies au site d’administration |
Pyrexie. |
Hypothermie, diminution de la température corporelle, augmentation de la température corporelle, frissons, réaction au site d’injection, douleur au site d’injection, douleur. |
Population pédiatrique
On s’attend à ce que la fréquence, le type et la sévérité des effets indésirables chez l‘enfant soient comparables à ceux observées chez l’adulte.
Déclaration des effets indésirables suspectés
La déclaration des effets indésirables suspectés après autorisation du médicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bénéfice/risque du médicament. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté via le système national de déclaration : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance - Site internet : https://signalement.social-sante.gouv.fr/.
Symptômes
Un surdosage en sufentanil se traduit par une exacerbation des signes pharmacologiques.
La dépression respiratoire constitue le signe clinique principal et varie, selon la sensibilité individuelle, de la bradypnée à l'apnée.
Traitement
En cas d'hypoventilation ou d'apnée, assurer une oxygénation et une ventilation assistée ou contrôlée adéquate.
Un antimorphinique (naloxone) doit être utilisé pour contrôler la dépression respiratoire. Par ailleurs, un traitement symptomatique sera mis en œuvre, si nécessaire. La dépression respiratoire pouvant durer plus longtemps que l'effet de l'antimorphinique, il peut être nécessaire de renouveler l'administration de ce dernier.
En cas de dépression respiratoire associée à une rigidité musculaire, l'administration par voie intraveineuse d'un curare dépolarisant peut s'avérer nécessaire pour faciliter la mise en place de la ventilation assistée ou contrôlée.
Le patient doit être placé sous stricte observation médicale ; contrôler la température corporelle et la prise de fluides. Si l'hypotension est sévère ou si elle persiste, le risque d'hypovolémie doit être pris en compte et contrôlé par administration parentérale de liquides de remplissage.
5. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES
5.1. Propriétés pharmacodynamiques
Classe pharmacothérapeutique : Anesthésiques opioïdes, code ATC : N01AH03
Le sufentanil est un opioïde de synthèse possédant les propriétés pharmacologiques d’un agoniste des récepteurs µ.
Le sufentanil est un analgésique morphinomimétique très puissant (7 à 10 fois plus puissant que le fentanyl chez l'homme).
Sa marge de sécurité chez le rat est plus élevée que celle du fentanyl et de la morphine.
Par voie intraveineuse, le délai d'action court, l'accumulation limitée et l'élimination rapide des sites tissulaires de stockage permettent un réveil rapide.
Comme d'autres morphinomimétiques, le sufentanil peut, selon la dose et la vitesse d'administration, provoquer une rigidité musculaire, une euphorie, un myosis, une bradycardie.
Les dosages d'histamine n'ont pas mis en évidence de libération d'histamine par le sufentanil.
Tous les effets du sufentanil sont immédiatement et complètement antagonisables par l'utilisation d'antimorphiniques spécifiques (naloxone).
L'intensité de l'analgésie est dose-dépendante et doit être adaptée à l'intervention chirurgicale.
A des doses allant jusqu'à 8 microgrammes/kg, le sufentanil procure une analgésie profonde ; à des doses > 8 microgrammes/kg, le sufentanil procure une anesthésie analgésique profonde.
L'administration péridurale de 50 microgrammes de sufentanil procure une hypoalgésie segmentaire d'environ 3 heures dans les 15 minutes qui suivent son administration, potentialisée en durée par l'administration conjointe d'adrénaline.
Population pédiatrique
Après administration péridurale d’une dose de 0,75 µg/kg de sufentanil chez 15 enfants âgés de 4 à 12 ans, le délai moyen d’apparition et la durée moyenne de l’analgésie étaient respectivement de 3,0 minutes (± 0,3 minute) et de 198 minutes (± 19 minutes).
Le sufentanil n’a été administré par voie péridurale que chez un nombre limité d’enfants âgés de 3 mois à 1 an, à une dose bolus unique de 0,25-0,75 µg/kg, pour le contrôle de la douleur post-opératoire.
Chez l’enfant âgé de plus de 3 mois, l’administration péridurale d’une dose bolus de 0,1 µg/kg de sufentanil suivie d’une perfusion péridurale de 0,03-0,3 µg/kg/h de sufentanil, associé à un anesthésique local de type amide, apporte une analgésie post-opératoire efficace jusqu’à 72 heures après un acte de chirurgie sous-ombilicale.
5.2. Propriétés pharmacocinétiques
Absorption/Distribution
Des études menées avec du sufentanil par voie intraveineuse à des doses allant de 250 à 1500 µg permettant des prélèvements sanguins et des dosages sur une période prolongée ont montré les résultats suivants : le sufentanil a une cinétique triphasique dont les demi-vies associées à chaque phase varient de 2,3 à 4,5 minutes et de 35 à 73 minutes pour les phases de distribution et de 656 à 938 minutes (moyenne 784 minutes) pour la phase terminale. Le volume du compartiment central Vc est de 14,2 l, le volume à l'équilibre (Vdss) est de 344 l.
La pharmacocinétique du sufentanil est linéaire dans l’intervalle de doses étudié.
Après administration par voie péridurale de sufentanil les concentrations plasmatiques sont maximales dans les 10 minutes qui suivent l'injection et sont 4 à 6 fois plus basses que celles obtenues après injection intraveineuse. L'absorption initiale rapide peut être réduite de 25 à 50% par l'administration d'adrénaline (de 50 à 75 µg).
Le sufentanil se lie à 92,5 % aux protéines plasmatiques. Le taux de liaison aux protéines plasmatiques chez l’enfant est inférieur à celui observé chez l’adulte et augmente avec l’âge. Le sufentanil se lie à 80,5% aux protéines plasmatiques chez le nouveau-né, à 88,5% chez le nourrisson et à 91,9% chez l’enfant.
Biotransformation/Elimination
Le sufentanil est éliminé principalement par métabolisation. Le foie et l'intestin grêle sont les principaux sites de biotransformation. Au niveau hépatique, la métabolisation se fait principalement par le cytochrome P450 3A4.
Environ 80 % de la dose administrée sont éliminés dans les 24 heures suivant l'administration, 2 % seulement sont éliminés sous forme inchangée.
La demi-vie terminale moyenne d’élimination du sufentanil est de 784 minutes (intervalle : 656-938 minutes). La clairance plasmatique est de 917 mL/min.
Populations particulières
Insuffisance hépatique
Le volume de distribution est légèrement augmenté et la clairance totale légèrement diminuée chez les patients cirrhotiques comparativement au groupe contrôle. Ceci se traduit par une augmentation significative de la demi-vie d’environ 30%, ce qui nécessite une prolongation de la période de surveillance post-opératoire (voir rubrique 4.4).
Insuffisance rénale
Le volume de distribution à l’état d’équilibre, la clairance totale et la demi-vie terminale d’élimination chez les patients dialysés devant subir une greffe rénale ne diffèrent pas par rapport aux sujets sains. Dans cette population, la fraction libre de sufentanil ne diffère pas de celle des sujets sains.
Population pédiatrique :
Les données pharmacocinétiques chez l’enfant sont limitées.
Voie intraveineuse
Le taux de liaison aux protéines plasmatiques chez l’enfant est inférieur à celui observé chez l‘adulte et augmente avec l’âge. Le sufentanil se lie à 80,5 % aux protéines plasmatiques chez le nouveau-né, à 88,5 % chez le nourrisson, à 91,9 % chez l’enfant et à 92,5 % chez l’adulte.
Après administration intraveineuse d’une dose bolus de 10-15 µg/kg de sufentanil chez l’enfant subissant une chirurgie cardiaque, la pharmacocinétique du sufentanil peut être décrite par une courbe tri-exponentielle, comme chez l’adulte (Tableau A). La clairance rapportée au poids corporel est plus importante chez le nourrisson et l‘enfant que chez l‘adolescent, pour qui les valeurs de clairance sont comparables à celles observées chez l’adulte. Chez le nouveau-né, la clairance est significativement réduite et présente une large variabilité (entre 1,2 à 8,8 ml/min/kg et une valeur isolée de 21,4 ml/min/kg). Le nouveau-né, présente un volume de distribution à l’état d’équilibre plus important et une demi-vie d’élimination prolongée. Les différences des paramètres pharmacodynamiques dues aux différences de paramètres pharmacocinétiques peuvent être plus importantes si l’on prend en compte la fraction libre.
Tableau A : Paramètres pharmacocinétiques moyens du sufentanil chez l’enfant après administration intraveineuse d’un bolus unique de 10 à 15 µg/kg de sufentanil (N = 28).
Tranches d’âge |
N |
Vdss (l/kg) Moyenne (± σ) |
T½β (min) Moyenne (± σ) |
Cl(ml/kg/min) Moyenne (± σ) |
Nouveau-nés (1à 30 j) |
9 |
4.15 (1.01) |
737 (346) |
6.7 (6.1) |
Nourrissons (1 à 23 mois) |
7 |
3.09 (0.95) |
214 (41) |
18.1 (2.8) |
Enfants (2à 11 ans) |
7 |
2.73 (0.50) |
140 (30) |
16.9 (3.2) |
Adolescents (13 à 18 ans) |
5 |
2.75 (0.53) |
209 (23) |
13.1 (3.6) |
Cl = clairance normalisée par rapport au poids corporel ; N = nombre de patients inclus dans l’analyse ; σ = écart-type ; T½β = demi-vie d’élimination ; Vdss = volume de distribution à l’état d’équilibre. Les tranches d’âge sont celles des enfants inclus dans l’étude. |
Voie péridurale
Après administration par voie péridurale d’une dose de 0,75 µg/kg de sufentanil chez 15 enfants âgés de 4 à 12 ans, les concentrations plasmatiques, de sufentanil à à 30, 60, 120 et 240 minutes après l’injection, étaient comprises entre 0,08 ± 0,01 et 0,10 ± 0,01 ng/ml.
Chez 6 enfants âgés de 5 à 12 ans, ayant reçu une dose bolus de 0,6 µg/kg de sufentanil suivie d’une perfusion continue par voie péridurale de 48h contenant des doses de 0,08 µg/kg/h de sufentanil et de 0,2 mg/kg/h de bupivacaïne, les concentrations maximales ont été atteintes environ 20 minutes après l’injection bolus et étaient comprises entre des valeurs inférieures à la limite de quantification (< 0,02 ng/ml) et 0,074 ng/ml.
5.3. Données de sécurité préclinique
Le sufentanil a été testé dans une série d’études de toxicité préclinique incluant : des études de toxicité à dose unique après un bolus intraveineux (chez le rat, la souris, le cochon d’inde et le chien), une perfusion en intraveineuse (chez le rat), une administration intra-artérielle (chez le lapin) et péridurale (chez le rat) ; des études de toxicité à doses répétées jusqu’à 1 mois chez le chien (par voies intraveineuse, péridurale et intrathécale), 1 mois chez le cochon d’inde (par voie péridurale), et jusqu’à 6 mois chez le rat (par voies sous-cutanée, intraveineuse et péridurale) ; des études de la fonction de reproduction en intraveineuse évaluant la fertilité et la performance reproductive générale chez le rat, la tératogénicité et l’embryotoxicité chez le rat et le lapin, et la reproduction péri- et post- natale chez le rat et après administration sous-cutanée chez le rat évaluant la tératogénicité et l’embryotoxicité.
La mutagénicité a été évaluée à travers une série d’études : étude in vitro de substitution d’une base unique et/ou mutation de gène chez Salmonella typhimurium ; test micronucléus IV in vivo chez la souris évaluant les aberrations structurales chromosomiques ; test in vitro de réparation de l’ADN sur les hépatocytes du rat ; et un test in vitro HGPRT (hypoxanthine-guanine phophoribosyltransferase) sur les cellules de la lignée V79 chez le hamster chinois évaluant l’induction mutagène.
En raison de la courte période d’exposition thérapeutique, les études de carcinogénicité n’ont pas été réalisées.
La DL50 après une dose unique moyenne en bolus intraveineux est d’environ 17,5 mg/kg (17 500 µg/kg) chez la souris, de ~11 mg/kg (11 000 µg/kg) chez le rat, de ~12,4 mg/kg (12 400 µg/kg) chez le cochon d’inde et de ~15 mg/kg (15 000 µg/kg) chez le chien.
La DL50 après 4 heures de perfusion en intraveineuse chez le rat est ≥ 145 mg/kg (14 500 µg/kg). Dans chacune de ces études, comme attendu avec un analgésique morphinique, la cause du décès est la dépression respiratoire. Aucune modification pathologique drogue-dépendante spécifique n’a été observée.
Ces données indiquent une grande marge de sécurité par rapport à la dose clinique maximale recommandée de 30 µg/kg.
De même, la DL50 du sufentanil après administration par voie péridurale chez le rat était > 320 µg par rat, et comparée à la DE50 de 0,59 µg par rat, la marge de sécurité est importante (> 542 fois).
L’administration par voie péridurale a démontré être bioéquivalente aux autres voies d'injection systémique, à savoir les voies intraveineuse et sous-cutanée. Les études de toxicité subchronique chez le rat (jusqu'à 5 000 µg IV/kg/jour) et chez le chien (jusqu'à 1 250 µg IV/kg/jour) ont démontré que la plupart des effets observés avec le sufentanil sont dus à l'analgésie quotidienne répétée et à la mauvaise condition physique, ce qui est souvent le cas lors d’un surdosage en analgésiques morphiniques.
Aucun organe ou tissu ne semble avoir été atteint. Les études de reproduction chez le rat et le lapin à des doses allant jusqu’à 80 à 100 µg/kg/jour ont montré que le sufentanil n'est ni tératogène, ni à l’origine d’une stérilité, ni toxique pour l’embryon ou le fœtus. Les effets embryolétaux sont jugés secondaires par rapport à la toxicité maternelle. Les études de mutagénicité n'ont révélé aucune activité mutagène. Aucune donnée de fertilité n’est disponible.
Hydroxyde de sodium, chlorure de sodium, acide chlorhydrique, eau pour préparations injectables.
Avant dilution : 30 mois.
Après dilution : « La stabilité physico-chimique du produit dilué dans du glucose 5 % ou du chlorure de sodium à 0,9 % a été démontrée pendant 24 heures à 25°C à l'abri de la lumière. Toutefois, du point de vue microbiologique, le produit doit être utilisé immédiatement.
En cas d'utilisation non immédiate, les durées et conditions de conservation après dilution et avant utilisation relèvent de la seule responsabilité de l'utilisateur et ne doivent normalement pas dépasser 24 heures à une température comprise entre +2°C et +8°C, à l'abri de la lumière, sauf dilution réalisée en conditions d'asepsie dûment contrôlées et validées ».
6.4. Précautions particulières de conservation
Conserver l'ampoule dans l'emballage extérieur, à l'abri de la lumière.
Pour les conditions de conservation du médicament après première ouverture, voir la rubrique 6.3.
6.5. Nature et contenu de l'emballage extérieur
2 ml ou 10 ml en ampoule (verre incolore de type I); boîtes de 5, 10, 20 ou 50.
Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées.
6.6. Précautions particulières d’élimination et de manipulation
Pas d’exigences particulières.
Tout médicament non utilisé ou déchet doit être éliminé conformément à la réglementation en vigueur.
7. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE
1 RUE DE TURIN
69007 LYON
8. NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE
· 3400956489930 : 2 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 5.
· 3400956490011 : 2 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 10.
· 3400956490189 : 2 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 20.
· 3400956490240 : 2 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 50.
· 3400956490301 : 10 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 5.
· 3400956490479 : 10 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 10.
· 3400956490530 : 10 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 20.
· 3400956490769 : 10 ml en ampoule (verre) ; boîtes de 50.
9. DATE DE PREMIERE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION
A compléter ultérieurement par le titulaire
10. DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE
A compléter ultérieurement par le titulaire
Sans objet.
12. INSTRUCTIONS POUR LA PREPARATION DES RADIOPHARMACEUTIQUES
Stupéfiant : Prescription limitée à 7 jours.
Prescription sur ordonnance répondant aux spécifications fixées par l'arrêté du 31 mars 1999.
Médicament réservé à l'usage hospitalier.
Médicament pouvant être administré par tout médecin spécialisé en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence dans les cas où il intervient en situation d'urgence ou dans le cadre d'une structure d'assistance médicale mobile ou de rapatriement sanitaire (article R. 5121-96 du code de la santé publique).
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